Le 16 novembre 2023, le jury de la MSH Bordeaux a décerné 3 prix:

Premier Prix

  • Tiffanie Fourcade (Archéosciences UMR 6034,  & EPOC, UMR 5805, École doctorale Montaigne Humanités – EDMH): Changements culturels et adaptations aux changements climatiques et environnementaux des derniers Néandertaliens dans le sud de la France

 Mentions spéciales

  • Ophélie Colomb (Institut de Recherche Montesquieu (IRM) EA 7434, École doctorale Droit – ED Droit): La justice chez André Gide et François Mauriac. De la morale au prétoire
  • Morgan Lans (Centre Émile Durkheim (CED), UMR 5319, École doctorale Sociétés, politiques, santé publique – EDSP2): Les dynamiques de l’intégration. Associations d’aide aux migrants et sociétés au cœur des espaces français, espagnol, et danois

La cérémonie de remise des prix aura lieu le 9 janvier 2024 à 16h30 à la MSH Bordeaux.


Tiffanie Fourcade (Archéosciences UMR 6034,  & EPOC, UMR 5805, École doctorale Montaigne Humanités – EDMH)

Mes recherches se focalisent principalement sur la relation entre les changements environnementaux, climatiques et culturels des chasseurs-cueilleurs (Néandertal et Homo sapiens) en France à la fin du Paléolithique moyen et au début du Paléolithique supérieur. En utilisant des carottes marines, j’étudie (1) l’évolution de la végétation et la variabilité climatique à partir de grains de pollen, préservés avec les sédiments. Elle améliore la chronologie de ces changements environnementaux et climatiques, à partir (2) d’une technique de datation par luminescence sur des carottes sédimentaires marines et en (3) développant des modèles d’âge à l’aide de statistiques bayésiennes pour les données polliniques et archéologiques. Pour ces dernières, la chronologie des changements culturels est basée (4) sur un travail bibliographique visant à mettre à jour des bases de données archéologiques afin de les intégrer dans un modèle chronologique bayésien. Mes recherches actuelles de postdoctorat se concentrent sur la reconstruction de la végétation passée et des changements climatiques des 30 000 derniers ans dans le nord-ouest de la mer Méditerranée à partir d’un nouvel enregistrement pollinique et sur l’amélioration de leur chronologie par la datation par luminescence.

Titre de la thèse: Changements culturels et adaptations aux changements climatiques et environnementaux des derniers Néandertaliens dans le sud de la France

Cette thèse interdisciplinaire a permis d’améliorer la chronologie des changements environnementaux et culturels dans le sud de la France (35-65 ka), afin de tester l’hypothèse de l’influence du climat et des environnements sur l’adaptation des Néandertaliens et des Hommes anatomiquement modernes (HAM). L’étude pollinique sur deux carottes sédimentaires marines des golfes de Gascogne et du Lion a reconstitué la végétation dans le sud-ouest et sud-est de la France, en réponse aux changements climatiques (réchauffements et refroidissements). La datation d’une des carottes par une technique de luminescence et l’application d’un récent modèle d’âge-profondeur utilisant des statistiques bayésiennes et des contraintes stratigraphiques sur les deux carottes ont permis d’affiner la chronologie des changements environnementaux et climatiques. Une meilleure comparaison avec la chronologie des changements culturels a été rendue possible par l’actualisation et la modélisation chronologique de base de données archéologiques régionales. Cependant, l’identification de synchronies potentielles reste difficile en raison des incertitudes associées aux différentes chronologies. Cette étude suggère que l’aridification progressive du paysage pendant cette période a favorisé l’arrivée des HAM dans cette région, entraînant une compétition avec les Néandertaliens pour les mêmes niches écologiques conduisant à la disparition de ces derniers.

  • Sous la direction de Christelle LAHAYE et Maria Fernanda SANCHEZ GONI
  • Soutenue le 12/09/2022
  • Discipline: Sciences archéologiques
  • Mots-clés: cultures, Néandertal, Homme – effet du climat, hommes anatomiquement modernes, paléolithique

Ophélie Colomb (Institut de Recherche Montesquieu (IRM) EA 7434, École doctorale Droit – ED Droit)

Je suis docteure en histoire du droit, chercheuse associée à l’Institut de Recherche Montesquieu (IRM-CAHD, UR 7434) et chargée d’enseignement à l’université de Bordeaux. Mes travaux s’inscrivent principalement dans le mouvement Droit et Littérature et visent à démontrer l’apport des sources littéraires à la connaissance des droits du passé. En parallèle, toujours dans une perspective interdisciplinaire, je mène des recherches alliant histoire de la pensée juridique, histoire des droits des femmes, histoire des féminismes et du genre.

Titre de la thèse: La justice chez André Gide et François Mauriac. De la morale au prétoire

La justice parcourt la vie et les écrits d’André Gide (1869-1951) et de François Mauriac (1885-1970). Leurs œuvres littéraires sont imprégnées à la fois d’une conception philosophique et d’une expérience concrète de la justice propres à nourrir l’appétence interdisciplinaire des juristes, des historien·nes du droit, des littéraires, voire des philosophes. Cependant, si ces deux écrivains ont souvent été comparés ou associés, aucune étude d’ampleur les rapprochant autour du thème de la justice, et ce, dans une perspective historico-juridique n’avait jusqu’alors été entreprise. Pourtant, la justice comme vertu et comme institution invite à réunir et à confronter ces deux prix Nobel. Chez Gide et Mauriac, la justice comme morale se matérialise par un engagement dans la vie démocratique. Face aux injustices parcourant l’histoire du XXe siècle, leurs engagements respectifs furent à la fois communs et divergents notamment eu égard au sens que chacun d’eux a donné à la justice. Par ailleurs, les expériences du prétoire de Gide et de Mauriac offrent des regards croisés et singuliers sur la justice institutionnalisée des XIXe et XXe siècles. La justice textualisée dans leurs écrits s’apparente tout autant à des témoignages qu’à des conceptions singulières de la justice pénale, de la procédure pénale et du droit pénal des XIXe et XXe siècles. En somme, cette étude portant sur la justice chez Gide et Mauriac entrelace les discours littéraires, judiciaires ou juridiques pour faire surgir des analyses inédites ; renouvelle certaines analyses tant littéraires que juridiques ; et enfin démontre les apports des sources littéraires dans la connaissance du droit du passé. À partir de sources tant juridiques que littéraires et des cadres théoriques des études Droit et Littérature, les multiples facettes de la notion de justice chez Gide et Mauriac ont été définies et analysées pour former une compréhension à la fois diachronique et conceptuelle de celle-ci.

  • Sous la direction de Yann DELBREL et Martine SAGAERT
  • Soutenue le 18/03/2022
  • Discipline: Histoire du droit
  • Mots-clés: droit et littérature, histoire de la justice, droit pénal, théorie littéraire, narrativité

Morgan Lans (Centre Émile Durkheim (CED), UMR 5319, École doctorale Sociétés, politiques, santé publique – EDSP2)

Originaire de Saint-Jean-de-Luz, ma passion pour la sociologie a pris racine dès mes années lycée, avant de devenir le moteur de mon engagement intellectuel. Après un master de recherche à l’Université de Bordeaux, j’ai obtenu un contrat ministériel et pu poursuivre en doctorat, afin d’explorer les mécanismes sociaux de l’intégration des étrangers, en France, en Espagne et au Danemark, tout en mettant l’accent sur le travail des associations d’aide aux migrants. En parallèle de cette étude, j’ai partagé mes connaissances lors de plusieurs heures d’enseignement et dirigé de nombreuses enquêtes sociologiques. Après l’obtention de mon doctorat, j’ai été Attaché temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université de Bordeaux. Actuellement, mon intérêt se porte sur le champ de l’antiracisme en France. Je mène à ce sujet, une enquête à Bordeaux et Paris. Dans le même temps, j’explore également les enjeux qui traversent aujourd’hui le secteur associatif. Ma volonté de comprendre notre société contemporaine reste ainsi toujours aussi présente.

Titre de la thèse: Les dynamiques de l’intégration. Associations d’aide aux migrants et sociétés au coeur des espaces français, espagnol, et danois

Cette thèse explore le rapport des sociétés française, espagnole et danoise avec les étrangers en analysant leurs logiques d’intégration. Pour ce faire, j’ai conduit une étude sociohistorique et relationnelle axée sur l’analyse des pratiques étatiques, enrichie par une analyse approfondie du travail de plusieurs associations d’aide aux migrants ainsi que de leurs interactions avec les pouvoirs publics. Mon travail de terrain repose sur une enquête quasi-ethnographique, comprenant des observations et un suivi des acteurs, menée pendant dix mois au sein d’associations historiques à Bordeaux, Bilbao et Aarhus. Dans ce cadre, j’ai également réalisé 130 entretiens semi-directifs avec des individus engagés dans le soutien aux personnes ayant vécu la migration.
Dans cette recherche, je démontre que les orientations étatiques, révélées à travers les discours officiels et les politiques d’immigration, ne reflètent pas entièrement le rapport des sociétés d’accueil à l’immigration. En effet, les activités des associations produisent des décalages normatifs avec les « pensées d’État » et participent avant tout à la reproduction de dynamiques sociétales. Ainsi, les mémoires liées à l’exil et à la colonisation, les logiques de solidarité et de citoyenneté, les dynamiques de décentralisation et les cultures civiques sont, par exemple, des éléments intégrants de ce rapport.
En France, les associations défendent les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité envers les « citoyens étrangers », critiquant, par exemple, le décalage entre les logiques assimilationnistes de l’État et la réalité multiculturelle de la société française. En Espagne, les associations adoptent une approche pragmatique pour défendre des « personnes à part entière » en difficulté et promeuvent, en partenariat conflictuel avec les pouvoirs publics, un vivre-ensemble interculturel. Au Danemark, les associations revendiquent une spécificité danoise et cherchent à transformer les nouveaux arrivants en « Danois en devenir », en les familiarisant avec les valeurs et les pratiques de la société nationale, s’inscrivant ainsi en continuité avec les logiques étatiques tout en les adoucissant.
En résumé, mon analyse met en lumière la complexité des dynamiques entre les discours étatiques, les activités associatives et les perceptions sociétales vis-à-vis de l’immigration.

  • Sous la direction d’Olivier COUSIN
  • Soutenue le 17/03/2022
  • Discipline: Sociologie
  • Mots-clés: immigration, conception de l’intégration, associations, comparaison internationale, systèmes de protection sociale