Journée d’étude RARE : L’Homme face aux risques naturels dans l’antiquité : fatalisme, adaptation, résilience
MSH Bordeaux, 16 décembre 2022

« Risques environnementaux et Sociétés : Des chasseurs-cueilleurs à la civilisation industrielle! »
Eric Fouache, professeur UFR de Géographie et Aménagement, Sorbonne Université UR Médiations de SU, Membre Honoraire Senior de l’Institut Universitaire de France, eric.fouache[at]sorbonne-universite.fr

Mots Clefs : Risques environnementaux, sociétés, Anthropocène, géo-archéologie

Les risques environnementaux peuvent se diviser en deux catégories, les risques naturels et les risques induits par l’interaction entre l’action de l’homme et les dynamiques environnementales. Les aléas naturels, qui ne deviennent des risques que dans la mesure où leurs conséquences affectent les sociétés humaines, sont immuables et nous pouvons les lister : les impacts de météorite, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, les tsunamis, les mouvements de masse, les évènements climatiques extrêmes (Ouragan, tempête, sécheresse, incendies…), les épidémies. Selon les aires de civilisation et les périodes ces risques ont été plus ou moins perçus, plus ou moins pris en compte. La très lente progression des groupes humains à la surface de la planète, que l’on évalue à 5 km par génération pour le Néolithique par exemple, a facilité l’acquisition des connaissances pragmatiques nécessaires à la survie, mais il a fallu attendre l’époque contemporaine pour disposer de véritables concepts permettant d’expliquer ces phénomènes. Notre civilisation est la première à avoir la capacité de reconstituer les aléas du passé, à déterminer des zones à risques et à pouvoir au moins partiellement modéliser les évolutions futures. En ce qui concerne les risques induits par les interactions entre l’action de l’homme et les dynamiques environnementales ceux-ci n’ont cessé de se développer au fur et à mesure de la croissance démographique et de la conquête de l’écoumène. Les chasseurs cueilleurs, les paysans du Néolithique ont répondu au risque de disette ou de famine de manière différente, tandis que la cohabitation entre l’homme et les animaux domestiqués, l’émergence des villes et des échanges commerciaux multipliait l’apparition de maladies nouvelles et les risques d’épidémie. Sur les 300 000 ans qui se sont écoulés depuis l’apparition d’Homo Sapiens les sociétés humaines se sont révélées sur le long terme et à l’échelle planétaires toujours résilientes aussi bien face aux cycles des fluctuations climatiques et des variations du niveau marin, entre les périodes glaciaires et interglaciaires, que des catastrophes générées du fait de l’action de l’homme. Mais paradoxalement plus les sociétés sont développées, plus leur fonctionnement est complexe et plus le coût de leur reconstruction ou de leur réorganisation est élevé. Le risque actuel à court terme des réponses nécessaires au changement global est peut-être plus financier, économique et sociétal que réellement environnemental ! Mais ce débat et cette prise de conscience nous sommes la première civilisation à pouvoir le mener. Sur une planète où plus aucun espace ne peut être considéré comme naturel nous sommes contraints à gérer des espaces hybrides et à trouver les compromis entre le maintien de la biodiversité et de la faune sauvage, l’équilibre sociétal qui passe par la satisfaction des besoins des populations. Plus que jamais la qualité de la gouvernance politique et économique doit être présente allant de pair avec une éducation des populations. Si ce cercle n’est pas vertueux il est difficile d’établir la confiance entre la société, les experts et les gouvernants et de construire des consensus.